Incertitude polaire

Nous le savions par le biais de camarades déjà présents en hémisphère austral, et qui attendaient l'embarquement à Hobart, et la confirmation officielle est tombée vendredi 15 : l'Astrolabe a une avarie et la première rotation qui devait filer vers DDU ces jours-ci est annulée. N'étant pas sur place, je ne m'étendrai pas sur l'avarie, mais on peut s'attendre à des réparations du bateau dans les prochaines semaines, et du coup à des délais imprévus. Forcément, l'IPEV revoit les priorités dans un contexte où on ne peut pas satisfaire tout le monde. J'ai rapidement pensé aux collègues hivernants de la TA69, à ce groupe forcément usé en bout d'aventure, et qui attend légitimement de rentrer, revoir ses proches. C'est sûrement plus dur pour eux que pour nous, qui sommes au tout début de l'aventure. Et c'est encore plus simple à gérer pour ceux qui, comme moi, n'avons pas encore quitté la métropole.

Je me prépare à tout, aussi bien à un départ à peu près dans les temps, si jamais une solution de secours pouvait être trouvée (autre bateau disponible ? réparation rapide ? avion ?), qu'à une attente de plusieurs semaines, si cela doit prendre ce temps là. Dans cette dernière hypothèse, je dois dire qu'avec une grosse pensée à ceux de la 69, je saurais apprécier de rester ici près de mes proches plus longtemps, éventuellement jusqu'à Noël, en reprenant le travail à mon poste actuel, où je n'étais plus présent depuis quelques semaines, congés et stages obligent, tout en restant dans mon appartement, encore disponible.

Je suis bien conscient de la chance que j'ai de ne pouvoir vivre ce gros pépin que comme un léger désagrément. J'arrive même à trouver un certain charme à cette incertitude polaire, qui souligne une nouvelle fois le caractère hors norme de cette aventure. J'ai cependant une grosse pensée pour les hivernants de la TA69 qui attendent probablement pour certains ce retour avec impatience,  pour le personnel de l'IPEV qui doit cravacher comme jamais pour redessiner une nouvelle campagne d'été, avec cette contrainte forte, pour les camarades déjà partis et qui attendent à Hobart, situation forcément frustrante. Courage à tous, et à bientôt avec un bon plan de secours, qui nous mènera à DDU !