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Itinéraires polaires
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23 juin 2008

D'un été (Corse) à l'autre (austral)

L'été s'est installé, fait rare, quasiment en concordance avec le calendrier : ça fait 48 heures que les températures ont ici trouvé un niveau digne du plein été, le printemps a donc tiré sa révérence, jusqu'à l'année prochaine. Ma saison préférée s'en est donc allée, laissant place aux fortes chaleurs de l'été, celles qui assomment et ralentissent le cerveau. Au 21 Juin, jour le plus long de l'année, c'est le chant du cygne du printemps, le paroxysme, l'apothéose : l'été qui suit n'est que le début d'une longue décadence parfois traduite par une fournaise infernale.
Sur la photo ci-dessus on voit apparaître le soleil derrière la côte italienne juste au Nord de l'île d'Elbe, il est 5h42 ce samedi. Le lever de soleil du jour le plus long de l'année est un immanquable au village. C'est le matin où le soleil se lève le plus au Nord de l'année. A l'inverse, celui du 21 Décembre est celui où le soleil se lève le plus au Sud de l'année, ça se situe assez loin à droite de cette photo... Dans 6 mois, pourtant, ce sera encore l'été pour moi, en effet je fêterai Noël dans mon nouvel habitat antarctique, sur ma nouvelle île. J'aurais donc pu intituler ce billet "d'une île à l'autre", sur cette autre île, le temps sera néanmoins plus frais et surtout, ce jour là, il n'y aura pas de lever de soleil, car pas de coucher de soleil, soleil toute la journée ! C'est à mes yeux une des composantes les plus agréables du climat polaire, cette incroyable variété au cours de l'année, j'ai eu la chance de voir, à peu près à la même latitude (côté Nord certes) ce que ça donnait en Alaska. La nuit avait disparu, laissant place à une longue journée interminable, tout juste rythmée par des baisses d'intensités lumineuses vers 1-2 heures du matin... Quand viendra ce premier solstice d'été austral, je me rappellerai sans doute ces solstices d'été boréaux qui ne m'ont jamais laissé indifférent, même à Paris. J'espère que le spectacle, la lumière, seront magnifiques durant les longues journées autour de Noël là bas. A vrai dire, je l'espère sans trop en douter, il y a des choses comme ça qui ne font naître que peu de doute en moi. Dans 6 mois donc, l'été et la lumière polaire. Dans 12 mois, l'hiver et la nuit polaire, tout juste illuminée pendant moins de 2 heures par un soleil rasant l'horizon, certainement également un spectacle unique qu'on peut deviner sur cette photo prise le 20 Juin 2007 par un hivernant de l'époque. En attendant, je suis encore bel et bien là, au contact de la civilisation, dans une période pas désagréable du tout qui précède le départ. Le plaisir est dans l'attente, dit-on couramment, cela se vérifie une nouvelle fois. Je vais essayer de profiter des 5 mois et quelque qui me restent à ce jour pour voir des gens, faire une provision de souvenirs qui me remémoreront sûrement, à un moment ou un autre, les bienfaits de notre civilisation ô combien critiquable à certains égards. Dans la nudité antarctique, j'espère voir encore plus clair, bercé comme à cet instant par les mélodies profondes de Radiohead. D'ici là, place à l'agitation, la frénésie parfois, du quotidien d'un habitant de l'opulent Occident... Trop curieux pour savoir éviter les extrêmes, je me suis toujours nourri des contrastes, ma perception du "juste" milieu s'en est invariablement enrichie. Le dégradé prend son sens quand on approfondit les deux bases opposées. J'ai l'intuition de trouver ainsi les clés de lecture du dégradé qui m'entoure. La richesse de la vie vient des nuances, mais comment comprendre les nuances sans comprendre la limite des nuances ? J'ose espérer que la palette antarctique viendra m'enrichir d'une limite aussi pure que ce que j'imagine. Alors, peut être saurai-je enfin un peu mieux quel est le degradé qui me convient le plus, peut être cette course aux limites s'arrêtera-t-elle ? Ou peut être est-ce le passage obligé de tous ceux qui cherchent trop de vérité... (pour quel bénéfice ?) Foutu cerveau qui ne me laissera donc jamais en repos, gavé d'entraînement qu'il est depuis si longtemps ! En même temps, quel bonheur d'avoir le sentiment d'approfondir à travers ces expériences aux limites ma perception/connaissance du monde qui est le nôtre, en espérant trouver un moyen de communiquer cela, mieux, de transmettre cela un jour ! Eté chaud et lumineux à cette seconde ici en Corse, glacial et sombre à cette même seconde à Dumont d'Urville... Pour terminer, quelques photos prises ces derniers jours en Corse pour colorer le tout, des brumes assez inhabituelles dans le golfe de Saint Florent et sur la façade occidentale du Cap Corse...
Sur la route de Saint Florent, peu de temps avant d'entrer sous ces nuages bas...
Un peu plus tard, près de Patrimonio, sous un grand soleil, on se rapproche à nouveau de la côte et de sa grisaille, on parlait de contrastes, en voici de superbes !
Pique nique sur la plage de la marine d'Albo où l'on peut observer les plus belles vagues du Cap Corse quand le vent souffle, là nous sommes vraiment entre brume et soleil, spectacle relativement peu fréquent en ce lieu...
Toujours un peu plus au Nord, au bord de la route le spectacle reste étonnant avec ce piton rocheux qui émerge de la brume, j'adore ces mers de nuages...
Fin de ce périple, l'extrémité Nord de la Corse, le petit village de Barcaggio qui fait face à l'île de la Giraglia et son célèbre phare.
J'adore ce Cap Corse, son côté particulièrement sauvage, relativement épargné par le tourisme de masse, les contrastes de couleurs y sont merveilleux, tout comme le temps qui passe parfois en peu de temps du calme plat à la tempête de vent ! Vive le bel été Corse, en attendant la suite...
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