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Itinéraires polaires
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22 septembre 2020

Catabatique d'équinoxe

L’équinoxe est passée, ce qui signifie que nous avons basculé dans l’hémisphère le plus éclairé de notre planète pour les 6 prochains mois, que le soleil s’est levé au Pôle Sud (et couché au Pôle Nord), bref a saison tourne. Je suis déjà engagé dans les tâches de fin de mission, qui approche nettement. J’essaie notamment de documenter et illustrer des cas de prévision météo un peu délicats. L’épisode catabatique de  ces 21 et 22 septembre a été un parfait exemple en la matière. 

Prévu fort dès hier lundi matin, il ne s’est réellement manifesté qu’hier soir, et encore un peu plus ce mardi vers la mi-journée,au moment où il devait disparaître. Ce n’est évdemment pas la première fois que nous avons de grosses difficultés à prévoir correctement un épisode catabatique. Grâce au lâcher de ballon hier lundi matin, je me suis rendu compte que le modèle de prévision que nous utilisons, celui du Centre Européen de Prévision, souvent très bon, était malheureusement très approximatif, pour ne pas dire plus : il y avait plus de 15 noeuds de vent d’écart entre ce que prévoyait le modèle et ce que le ballon-sonde a permis de mesurer à quelques centaines de mètres au dessus de la base.

Certes, ce n’était pas la première fois que je constatais un tel écart, la question devenant alors de savoir à quel moment le modèle va-t-il recommencer à modéliser correctement la situation.  On pouvait penser que le vent forcirait dans la soirée, et c’est heureusement ce que nous avons observé hier soir, avec un vent qui a atteint 120kmh en pointe peu avant minuit. La fin de nuit s’annonçait plus calme, ce qui s’est produit, avant une journée de mardi où il pouvait encore y avoir des petits moments de catabatique, de façon intermittente.

Un premier coup de catabatique s’est produit ce matin vers 8h30, mais il s’est rapidement calmé, avant de reprendre de plus belle vers 11h et de souffler assez fort jusqu’à 16-17h. Le maximum a finalement été atteint entre 13h et 14h avec une moyenne sur 10min à 83km/h, et une rafale maximale à 149km/h, ce qui a naturellement soufflé beaucoup de neige. Juste avant cette rafale, le vent était un peu « devenu fou » oscillant un peu dans toutes les directions, avec de fortes rafales, dépassant les 100km/h, une situation qu’on peut effectivement rencontrer en fin de catabatique. 

A ce moment là, j’étais sur la banquise, accompagnant Pol qui conduisait le Kassbohrer, afin d’entretenir la piste tracée entre DDU et la base annexe Robert Guillard de Cap Prudhomme. Je pense avoir vu les puissantes rafales qui ont balayé l’île des Pétrels, tandis que c’était plus calme de notre côté sur la banquise, à 1km peut être de la base, au sud-ouest. En arrivant un peu plus tard vers la base de Prudhomme, vers 15h, le vent y soufflait fort, limite tempête, soufflant beaucoup de neige (visible sur une des photos jointes). L’épisode catabatique était encore bien présent là bas. On notera que la température s’est nettement radoucie aujourd’hui, après un minimum de -19,7°C la nuit dernière, on a atteint cet après-midi -5,2°C ! Du coup, le vent n’était vraiment pas froid, contrairement à nos habitudes d’hivernants adéliens !

Le calme est revenu ce soir avec un petit vent de sud modéré, classique. Nous avons eu droit au séjour, comme souvent le mardi soir, à une présentation particulièrement intéressante de la part de Susie, une de nos deux ornithologues, dont la véritable spécialité est l’anthropologie, sur ce qu’est cette discipline fascinante qui étudie notre espèce sous toutes les coutures. Susie passe une partie importante de son temps sur la base, quand elle ne s’occupe pas des manchots, à nous étudier, groupe d’hivernants de la TA70, comme sujet d’étude de sa thèse en anthropologie : nous avons chacun eu des entretiens avec elle, répondu à des questionnaires, et elle analysera et dépouillera ces résultats dans les mois qui suivront son retour à la civilisation, jusqu’à sa thèse. Nous serons peut être un certain nombre à assister à sa soutenance de thèse sur notre étrange vie d’hivernants adéliens. 

J’ai oublié de mentionner que nous avons célébré samedi 19 au soir un anniversaire particulier au séjour : les 35 ans de notre TA70 ! En effet, reprenant une idée que j’avais déjà eue en 2009, j’ai fait la moyenne de nos 24 dates de naissance, et cette moyenne tombe sur le 19 septembre 1985, date de naissance du TA70 « moyen ». C’était donc il y a 35 ans, une occasion pour faire un petit repas festif au séjour, avec quelques cadeaux échangés.  Pour l’anecdote cette TA70 est un peu plus âgée que la TA59, qui était née en moyenne le 30 janvier 1976, nous avions ainsi fêté à l’époque nos 33 ans (j’en parle sur le billet de blog de ce jour là).

Pour les photos proposées, une sélection de ces derniers jours, toujours très ensoleillés, avec une banquise qui a tendance à progresser autour de nous, et probablement à s’épaissir, ce dernier point étant à vérifier prochainement en effectuant des sondages. On voit sur une des photos le soleil sortir au lever juste au dessus de l’île Claude Bernard, un moment que je guettais ces dernières semaines, et que je savais proche de l’équinoxe, je ne l’ai donc pas manqué, peu après 6h30, dimanche 20 matin !


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Commentaires
N
Comme d'habitude, des superbes photos<br /> <br /> Merci, on rêve....
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