Un lâcher délicat
En ce lundi 23, la tempête annoncée est bien au rendez-vous. Dès ce matin, le blizzard est présent, avec de fortes rafales de vent, proches de 100km/h, et l'exercice quotidien du lâcher de ballon sonde prend alors une toute autre tournure... Sur la photo, prise par Vincent l'ornitho et qu'il m'a gentiment donnée, je lutte pour tenter de maîtriser le ballon, à cause de sa terrible prise au vent. On notera l'intéressante déformation du ballon avec le vent, ainsi que la grimace amusée qui est la mienne. Pas trop quand même, parce que je suis en surplomb de quelques mètres avec cette mince rembarde pour me retenir. Mon collègue Jean-Phi a filmé la scène, qui rend assez bien la difficulté de l'exercice ! Il s'en fallut de peu qu'une rafale m'entraîne par le ballon en bas, en passant juste à droite de la rembarde. Pourtant, nous avions déjà effectué en ce début d'année des lâchers avec du vent encore plus fort, mais la particularité cette fois était que le vent venait davantage de l'Est, et donc notre installation en était moins protégée. Habituellement les vents les plus forts, catabatiques notamment, viennent d'une direction plus Sud, et nous avons un pare-vent bien efficace pour l'atténuer.
Finalement, après une bonne minute de pose pour le photographe et le cinéaste, minute bien longue où je retenais mon bras gauche de partir avec le ballon tournoyant, j'ai profité d'une relative accalmie pour lâcher l'ensemble, qui s'est élevé avant de se rabattre vers moi, ce qui m'a obligé à me baisser pour éviter le balancement de la sonde ! Ensuite, le ballon est heureusement parti vers le large, et a disparu rapidement dans la tempête. Pour information, ce lâcher s'est déroulé tout à fait normalement par la suite, la ballon a éclaté vers 24600m, ce qui est un score dans la bonne moyenne. Heureusement qu'il n'y a pas eu de problème, s'il avait fallu faire un relâcher, c'était reparti pour un tour ! Enfin, sans poser pour la postérité, je me serais peut être débarrassé plus simplement de l'affaire...
La neige tombe donc de façon abondante ce lundi sur DDU, conformément aux prévisions. Les congères se forment et l'accumulation est déjà assez impressionnante par endroits. Actuellement vers 18h, il fait -2.2°C, il neige toujours abondamment, le vent faiblit légèrement comme prévu là aussi (70-80km/h en rafales). La rafale la plus forte de la journée est de 108km/h. A un moment donné, on ne voyait quasiment plus le séjour depuis la météo, donc la visibilité est tombée à 70m, notre record depuis notre arrivée. Il paraît que parfois le blizzard est tellement dense qu'on ne voit plus à 10m...
Pour ma part, cette agitation me va très bien, j'ai relativement mal dormi la nuit dernière, à cause de l'excitation à l'approche de la tempête que je savais prometteuse. Malgré les petites frayeurs et la difficulté objective de l'exercice, je me suis amusé comme un gosse pendant ce lâcher, livré à la furie des éléments. Pour une fois qu'on peut justifier (un peu !) notre statut de "héros polaire", héhé...
L'activité est fortement ralentie sur la base, évidemment, avec ce temps, et on on ne traîne pas pour passer d'un bâtiment à l'autre, cette neige finit par mouiller rapidement. Parfois il faut traverser de belles congères qui ont envahi les passerelles, je mettrai des photos plus tard... Les fenêtres ou portes mal fermées se remplissent rapidement de neige également, on a sorti les pelles pour la première fois. Quand tout se sera calmé, demain, ça va pelleter à droite à gauche.