Atterrissage
Nous voici le dimanche 6 décembre 2020. Cela fait exactement une semaine que je suis rentré en France. Et c'était il y a exactement un an que nous arrivions à Dumont d'Urville pour cette belle aventure. Le 6 décembre rejoint ainsi le 18 décembre au panthéon des dates de mon histoire personnelle : une arrivée pour un hivernage en Antarctique reste un événement rare. Le décalage est naturellement immense avec ce que nous avons vécu il y a 1 an. Encore plus, pour ceux qui, comme moi, sont déjà rentrés en métropole.
C'est une drôle de semaine que je viens de vivre. Dimanche soir dernier, 29 novembre, j'ai finalement atterri à l'aéroport de Bastia-Poretta, ce qui a mis fin à un bien long voyage, qui a duré près de 48 heures, après le départ de l'Astrolabe samedi matin, heure d'Hobart. Une première fin du voyage a eu lieu à Roissy, dimanche 29 vers 13h, quand notre groupe d'hivernants voyageurs s'est séparé, avec beaucoup moins d'émotions que lors de notre véritable séparation au séjour de DDU, le jeudi 19 après déjeuner, entre les partants et les restants. La lassitude du long voyage était sans doute passée par là, la fatigue aussi, bien sûr.
J'ai choisi de rentrer directement en Corse pour y trouver l'espace, le calme, les plus adaptés à une réacclimatation efficace. Je suis arrivé au bout de la fatigue dimanche vers 22h dans cette chère maison du village de Penta. Depuis je m'y repose, et je digère l'année si riche qui vient de passer. Cela amortit grandement le choc du retour aussi rapide, dans ce monde masqué, qu est assez brutal, sans surprise. Les 48 premières heures ont été un peu confuses à cause de cela, et du décalage horaire bien sûr, dont il a bien fallu 3-4 jours pour me remettre véritablement.
J'ai la chance d'être ici devant cette vue qui m'émerveille depuis toujours, et j'ai passé cette semaine un temps certain à contempler les cieux qui n'ont pas été avares de beaux tableaux, dont je propose un petit échantillon joint à ce billet. Je me suis doucement remis à faire quelques travaux d'entretien du jardin, qui en a bien besoin, et je me reconnecte petit à petit à l'actualité, brûlante, de la France de cette fin 2020, parce que j'ai besoin de comprendre ce qui se passe dans ce monde tourmenté.
Quant à DDU, eh bien, cela s'est imposé comme une évidence ces derniers jours : j'ai besoin de couper, de m'en détacher, de ne plus trop y penser. Cela se fait assez naturellement, mais tant qu'un certain nombre d'entre nous, de notre TA70, se trouve encore sur place, j'y pense un peu chaque jour, à ce qu'ils vivent, de certainement bien différent du reste de l'année. Je pense à la petite dizaine qui se prépare à son tour à quitter DDU, et à monter sur l'Astrolabe qui fait à nouveau route vers la base en ce moment, dans quelques jours.
De façon plus pratique, il faut que je rédige mon rapport de fin de mission, une synthèse de mon activité professionnelle de cette année 2020, en tant que chef de station météo : c'est mon objectif prioritaire de la semaine qui démarre. Cela va m'obliger à me replonger dans tous ces souvenirs, sous un angle certes professionnel, mais professionnel et personnel sont tellement liés lors d'un hivernage, ce n'est pas pour rien qu'on considère que l'on ne prend pas de congés pendant un an, et que tout est rattrapé au retour, pendant environ 3 mois.
J'ai eu le plaisir de reparler au téléphone à la plupart de mes amis durant cette semaine, on espère se revoir prochainement, mais dans ce contexte Covid un peu incertain, il est difficile de faire des prévisions. J'espère aussi passer la période de Noël en famille, à Quiberon. A suivre...