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Itinéraires polaires
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19 octobre 2020

Une tempête Charlène surprise !

Nous avons eu droit ce lundi 19 octobre à un événement météorologique qui a nettement rompu la monotonie de notre atmosphère de ces 8 derniers jours, majoritairement calmes, avec un plein soleil du matin au soir ! Certes, mes prévisions météo d’hier soit faisaient état d’un coup de catabatique dans la nuit de dimanche à lundi, qui risquait de durer un peu, par intermittence, jusqu’à la mi-journée de lundi. Je tablais sur un vent qui atteindrait 35 à 40 noeuds en moyenne, et sans doute des rafales maximales autour de 50 à 60 noeuds (110km/h). C’était une vision bien trop optiimste par rapport à ce que nous avons réellement connu !

Le vent a soufflé bien plus fort, et également (surtout ?) bien plus longtemps, puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes, en soirée de lundi à DDU, le vent a certes faibli d’un cran mais est toujours présent, avec des rafales proches de 100km/h, qui paraissent plutôt sages par rapport au reste de la journée.En effet, la tempête Charlène, la 16ème de notre TA70, a certes atteint, comme envisagé, son pic d’intensité en tout début de matinée, peu avant 7h, avec un vent qui a atteint en moyenne 95km/h sur 10min (51,3 noeuds), et une pointe maximale à 157km/h (84,8 noeuds). Certes, le seuil de tempête (50 noeuds en moyenne) a tout juste été franchi, pendant quelques minutes, mais ma prévision était surtout bien en déça !

Un indice qui ne trompait pas sur la force du vent : on entendait des projectiles venir taper contre le dortoir ce matin, principalement des morceaux de congères arrachés par la force du vent, je me doutais ainsi juste avant de sortir qu’on était pas loin de la force tempête, surpris par la force des éléments. Le spectacle était cependant magique ce matin, avec le mur de neige impressionnant sur le continent, ces immenses gerbes neigeuses soulevées par le puissant catabatique continental, et le soleil qui brillait nettement, faisant scintiller les particules neigeuses arrachées.

Puis, peu après 8h, le vent a sensiblement faibli et on s’est retrouvé sous une faible chute de neige, dans une ambiance étrangement calme, c’étaient les gerbes de neige qui nous retombaient tranquillement dessus, comme s’il neigeait depuis de véritables nuages, classiquement formés en condensant l’humidité de l’air. Ambiance étrange, je me doutais bien que le phénomène ne faisait qu’une pause, saute d’humeur dont le catabatique est assez coutumier. J’en ai profité pour lâcher le ballon météo du matin, sans trop de difficulté étant donné la force très raisonnable du vent, à ce moment là. Le ballon est parti sans problème, a rapidement atteint 700m d’altitude, et c’est alors qu’il a dû subir une terrible rafale rabattante de catabatique, qui l’a fait descendre en une minute de près de 100m d’altitude, autour de 600m.La théorie nous indique bien qu’il peut y avoir de puissants effets de rotor en pareil cas.

Malheureusement, le logiciel Eoscan que nous utilisons pour suivre le vol des ballons a interprété cela, à tort, comme un éclatement du ballon, en raison de la perte d’altitude, et a donc interrompu la réception des données. Or, la sonde émettait toujours, et quelques instants plus tard, on voyait qu’elle avait repris un vol très classique, et que tout marchait bien, mais impossible de poursuivre avec notre logiciel l’acquisition des données ! Très frustrant d’envoyer ainsi du matériel relativement polluant (latex, piles, polystyrène) parfaitement fonctionnel dans la nature pour rien… J’ai attendu 45min en espérant que ce terrible rotor s’apaise et j’ai lâché un second ballon, qui a subi un rabattant moins puissant, qui a simplement nettement freiné son ascension, sans la stopper : mission ballon accomplie cette fois !

Puis le vent a repris de plus belle en fin de matinée, et ne nous a pas quittés jusqu’en fin d’après-midi, avec une régularité étonnante : en moyenne autour de 40-45 noeuds (80km/h) , rafales autour de 60-70 noeuds(125km/h), une soufflerie un peu fatigante à la longue, soufflant de la neige, certes en moins grande quantité au fil des heures (tout ce qui devait facilement s’arracher étant déjà parti depuis longtemps !). Une cassure s’est produite vers 17h30, le fameux phénomène de Loewe, qu’on rencontre bien souvent en fin de catabatique : arrêt brutal du vent, accompagnée d’une forte hausse de pression atmosphérique, qui fut suivi d’un épisode de « vent fou », changeant souvent de direction, avec des rafales un peu dans tous les sens, la neige volait sur la banquise un coup vers la droite, puis vers la gauche, c’était d’une anarchie grandiose.

La lumière était tellement forte avec le soleil revenu dès le milieu de matinée et pour le reste de la journée, qui se réflétait sur la neige volante, le paysage étincelait. Quel spectacle en tout cas, je me suis régalé, pas toujours facile de travailler quand on a une telle merveille sous les yeux. J’ai essayé de rendre par les quelques photos qui suivent les quelques ambiances de la journée. J’ai fait une belle petite moisson de petites vidéos de cette ambiance si particulière, que je reverrai avec grand plaisir dans le futur, loin d’ici. Espérons en tout cas que le vent se calme bel et bien dans la nuit, car plusieurs manips importantes sont prévues en extérieur dès demain matin, et j’ai garanti une accalmie du vent, ce qui ne fait normalement guère de doutes sur nos modèles de prévision météo… qui n’étaient pas très justes aujourd’hui, pour une fois ! 

Alors que je termine de rédiger ce billet à 22h40 et qu’une accalmie semblait se dessiner, une rafale brutale mesurée à 134km/h, soit 72 noeuds, vient de faire trembler mon bureau météo : on n’en voit donc pas le bout, à bientôt !


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Commentaires
N
"Mère nature"! comme disaient les anciens !
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