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Itinéraires polaires
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26 janvier 2020

Nouvelle tempête

Cette fin de semaine a été marquée par le passage d’une nouvelle tempête sur DDU, que nous avons baptisée « Aurore », un autre prénom de la TA70 (notre boulangère-pâtissière), après la tempête « Alain » du 31 décembre dernier. Nous avons décidé dans l’équipe météo de nommer les tempêtes que nous subirons cette année (d’après les prénoms de la TA70) dès que le vent en moyenne sur 10 minutes atteindra 50 noeuds (93km/h). Il était assez clair dans nos prévisions de ces derniers jours que ce seuil serait atteint entre vendredi 24 et samedi 25, et nous avons ainsi nommé notre seconde tempête de la mission. La question était alors de savoir si elle serait plus ou moins forte que la précédente, de la Saint-Sylvestre. Elle fut finalement un peu plus forte, puisqu’on a atteint au maximum vendredi soir une moyenne sur 10min de 118km/h, et on a enregistré une rafale maximale à 184km/h. Aurore a donc battu Alain (112km/h et 175km/h respectivement) !

Inutile de dire que les bâtiments vibraient bien avec cette soufflerie, et qu’il était difficile de se déplacer dehors, en se cramponnant aux rambardes sur les passerelles. Heureusement, le lâcher de ballon s’est avéré relativement simple, aussi bien vendredi que samedi matins, avant et après (respectivement) le coeur de la tempête, certes. Ces vents tempétueux sont vraiment associés au climat local, et ne présentent pas trop de danger en général. Il faut tout de même limiter les sorties bien sûr, et faire attention car il y a des endroits glissants, parfois de la glace vive à certains endroits, notamment dans la tranchée que j’avais déneigée entre le dortoir et Geophy.

Cette tempête de janvier est notable puisque depuis 1981, soit le début des mesures modernes de vent, avec des appareils plus fiables que ceux utilisés auparavant, c’est la 6ème tempête la plus forte pour un mois de janvier pour le vent en moyenne sur 10min, et que les 184km/h constituent même la seconde rafale la plus forte pour un mois de janvier ! Effectivement, cette ambiance de soufflerie, avec cette fois, contrairement à la tempête Alain du 31 décembre, de la neige soufflée en abondance, m’a vraiment rappelé les tempêtes d’hivernage, traditionnellement plus fortes. De grosses congères se sont formées, sans conteste les plus grosses depuis notre arrivée ici cette année. Alors, bien sûr, on part de beaucoup plus bas qu’en hiver, donc c’est monté moins haut, mais ça a bien recouvert  le chemin entre le dortoir et le séjour, que j’ai mis deux bonnes heures à déneiger cet après-midi.

Juste avant cette tempête, jeudi, nous avions eu de la bruine qui est tombée, et qui a momentanément gelé sur les passerelles, les rendant très glissantes, heureusement temporairement, et surtout avant que le vent fort se lève, ce qui a nettement limité le désagrément. En tout cas toutes ces intempéries renforcent l’impression très nette que l’été est fini, et qu’on bascule maintenant vers la suite, même si le retour d’une période de temps plus calme, voire ensoleillée et douce, est encore possible. Mais du coup, on a la perception d’un été un peu raccourci. Ca ne me dérange pas du tout, dans la mesure où je suis vraiment venu pour revivre l’hiver ici…

En tout cas, on voit très peu le soleil en ce mois de janvier 2020, et on est sur les bases d’un record de faible ensoleillement pour un mois de janvier, en lien avec les chutes de neige abondantes de ces dernières semaines, mais j’aurai sûrement l’occasion d’y revenir dans les prochains jours. Au moment où j’écris ces lignes, il est minuit, et c’est sombre dehors, sous un ciel certes couvert, on est dans la pénombre. Dans à peine plus d’un mois, on y sera, le début d’hivernage…. Je commence à réaliser qu’en dépit de ces journées souvent denses, bien remplies, qui ne passent pas si vite, bien moins que dans la routine du quotidien métropolitain, en tout cas, le temps s’écoule assez rapidement.

Ce jeudi, toujours sous les nuages et la bruine, donc, j’ai fêté les 10 ans de mon départ de DDU en regardant une série de photos que j’ai prises juste avant mon départ les 22 et 23 janvier 2010. A certains endroits, on a parfois peine à reconnaître l’endroit tant l’enneigement a changé, notamment près de la station de pompage d’eau de mer, qui se trouve à côté de l’abri côtier. Sur ma photo de 2010, on voit le petit bâtiment sur un promontoire rocheux, dominant l’eau libre, quand il nous faut enjamber une imposante congère qui domine le bâtiment lui-même, cette année. Ca fait partie des quelques détails qui ont bien changé en 10 ans, ce qui n’atténue cependant pas la grande familiarité du lieu, pour moi.

Dans la série de photos jointes à ce billet, on notera les superbes contrastes de couleurs avec la mer, la surface de la mer arrachée par les fortes rafales venues du continent antarctique. Un spectacle de Nature brute, merveilleux, à observer de préférence légèrement abrité du vent, bien que même là, on finisse par prendre froid au bout de quelques minutes…. Je propose aussi un groupe de poussins Adélie, qui ont bien grandi, bien recouverts de neige. Ils se regroupent pour se tenir chaud, et attendre que la soufflerie se relâche. J’aurai l’occasion de dédier prochainement un billet complet aux manchots Adélie, qui sont vraiment nos voisins, nos fréquentations du quotidien, dont le spectacle nous amuse bien souvent, mais qui nous empêchent parfois de dormir, en se mettant à crier en plein milieu de la nuit, certains d’entre eux ayant eu la riche idée de faire leur nid juste en dessous du dortoir… A bientôt !









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