Surprise aérienne

J'aurais dû rentrer à Paris ce mercredi, cela correspondait au billet d'avion que j'avais acheté il y a deux semaines. Je pensais qu'il y avait une petite chance que ce soit la neige qui m'empêche de rentrer. C'était sans compter sur les syndicats d'Air France, qui ont réussi à me retenir plus longuement que prévu ici... Je n'ai pas envie de discuter les motivations de cette grève sur le blog, mais force est de constater que cela ne facilite pas vraiment l'organisation de ses déplacements, surtout ici.

La communication d'Air France n'a pas été mauvaise en m'avertissant juste avant le début, et en me conseillant de reporter mon voyage au delà de la date prévue de fin de grève, demain soir. Je me suis dit dans un premier temps que j'allais voir comment ça se passait. Lundi, un seul des 3 Bastia-Orly annulés, mardi, aucun. C'est donc relativement confiant que j'attaquais cette journée de mercredi, je commençais à ranger les affaires, cet après-midi, et à une demi heure de mon départ, j'ai reçu un mail me prévenant que mon avion était annulé. En réalité, depuis la mi-journée, plus rien ne se passait à l'aéroport de Bastia.

Au moins, je n'ai pas été pour rien à l'aéroport. J'ai réussi à m'arranger avec des collègues pour qu'ils prennent ma place ces deux prochains jours, je les remercie à nouveau de leur compréhension. En contrepartie, je devrai aller travailler dimanche, ce que je compte bien faire ! Comme les vols du jeudi étaient complets, qu'une tempête de neige sérieuse s'annonce ici vendredi, j'ai pris un vol samedi, en espérant que la grève soit effectivement terminée... C'est ça, l'aventure, comme quoi, pas besoin de partir bien loin, pas besoin d'aller à DDU !

J'ai pris la photo ci-dessus à la mi-journée, lors de ce que je pensais être mon dernier tour dans le jardin, avant le départ. On y voit bien la neige au sol, environ 10cm mesurés, mais on voit aussi que la neige a largement fondu quand on va plus bas, vers la plaine. J'y suis descendu, et j'ai pu constater qu'en dessous de 200m, il n'y avait plus que des traces de neige. Je commence à m'habituer à voir le jardin en blanc, j'ai discuté avec un ami du village, qui me disait que la situation actuelle commence à rappeler aux anciens le mythique mois de février 1956, le mois le plus froid de tout le XXème siècle. D'après leurs dires, la neige était restée un mois au sol au village, exceptionnel ! Là, ça ne fait que depuis samedi soir, mais les jours passent, si elle résiste au redoux relatif et au soleil de demain, avec la nouvelle couche qui arrivera vendredi, ça pourra encore tenir un moment !

On prend chaque jour davantage conscience, quand on observe la situation météo à l'échelle du pays, voire du continent, que nous vivons une situation météo peu banale, de celles dont on se rappellera probablement dans 10, 20 ans, peut être davantage ? En tout cas, il faut remonter au minmum aux années 1980 pour retrouver trace d'une telle vague de froid. Et pour retrouver une telle vague de froid en février, c'est bien en 1956, apparemment... Les projections météo du soir indiquent qu'on n'en a probablement pas encore fini avec ce froid...

En un sens, je suis ravi de vivre une bonne partie de cet événement "historique" ici au village, dans cet endroit qui m'est cher, mais l'idée de retourner au chaud dans mon appartement parisien, d'aller communiquer sur ces passionnants aléas météorologiques ne me déplaîrait pas non plus... Samedi, si tout va bien. Mais quand on est dans une situation un peu exceptionnelle, il faut s'attendre à tout (même à une grève aérienne, qui n'a pourtant rien à voir !). Ca rend les journées passionnantes, j'ai l'impression qu'on écrit chaque jour la page d'une drôle d'histoire, que je vis fort originalement à ma façon, ici. Je reconnais bien volontiers que c'est un privilège de pouvoir passer ces journées ici. J'espère que je saurai transmettre au boulot, et en général, tout ce vécu, toutes les informations que j'emmagasine chaque jour, tout ce que je ressens. Parce que tout ceci n'a du sens que s'il est partagé... A demain !

Comments

[Nat]

"Parce que tout ceci n'a du sens que s'il est partagé... "



Merci

[Alexandra]

Quoi de plus normal pour un météorologue que de ne pouvoir aller à son boulot à cause de... la météo !

Quant au "sens" de toutes tes aventures, tu nous en délivres déjà avec ton blog et tes conférences : qu'il s'agisse de signification, direction ou sensation. Des livres, des mots ou des images, de l'enseignement, c'est la transmission qui est en effet essentielle, et pourquoi pas de la musique aussi car DDU a dû être une expérience très forte au niveau des sons, autant d'autres "sens" que tu vas poursuivre et nous faire partager ! Et je t'en remercie.

Alexandra