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7 octobre 2011

Steve, Apple et moi

François 6 ans Mac

Finalement, l'actualité m'a conduit à reprendre ma plume éléctronique plus tôt que je ne l'aurais pensé ! Steve Jobs est décédé avant hier, et la profondeur de la tristesse que j'ai ressentie en apprenant cette nouvelle m'a rappelé combien les gens qui marquent vraiment l'existence sont rares. La photo proposée ci-dessus me montre à 6 ans, en 1985, devant le premier Macintosh, la scène se déroule en Corse, à Penta. Apple et la Corse, deux passions très différentes, mais dans lesquelles j'ai grandi, je me suis épanoui depuis l'enfance. Grâce à l'activité professionnelle de mes parents, à mon père qui a fait le pari d'Apple et du Mac avant tant d'autres, j'ai baigné dans cet univers très jeune, à une époque où avoir un ordinateur à la maison était encore davantage l'exception que la règle.

Le Mac, voulu, imaginé, promu par Steve a toujours été d'un confort d'utilisation inégalable, il m'a ouvert la porte vers le monde de l'informatique, des nouvelles technologies, comme une autre porte d'entrée, le PC, n'aurait sans doute pas su le faire. Oh, j'y serais certes venu, mais pas avec la même approche, le même goût pour l'essentiel (le fond, l'exploration du monde informatique) . Le Mac a toujours été une invitation à produire, à explorer, à s'enrichir intellectuellement, simplifié à l'extrême qu'il a toujours été, au plus grand bénéfice de l'utilisateur. La réussite de ce concept est indiscutablement celle de Steve, qui l'a toujours voulu ainsi. On peut donc raisonnablement dire que je lui dois d'être une petite partie de ce que je suis devenu aujourd'hui, tandis que je tape ces lignes, une fois de plus, sur un de mes Macs.

C'est pour cela que j'ai eu la sensation de perdre avant-hier un être proche, que je ne connaissais pourtant pas. Je me rappelle mon stage à l'été 2002 chez Apple France, aux Ulis, une sorte d'aboutissement pour moi, à l'époque. Pour convaincre les ressources humaines de m'embaucher pour l'été, j'avais envoyé la photo ci-dessus. Peut être que cela a fait basculer les choses en ma faveur, en tout cas je serai toujours fier de pouvoir dire que j'ai travaillé, même seulement 2 mois, pour Steve Jobs. Par la suite, j'ai participé dans le staff Apple à l'Apple Expo 3 années de suite, je me sentais bien dans cet univers. Think different, le "vieux" slogan d'Apple, j'y ai toujours adhéré, dans ma vie informatique comme dans ma vie personnelle, d'ailleurs.

L'admiration sincère que je ressens pour le génie de l'innovation qu'était Steve ne m'ôte pas de l'esprit le côté un peu plus "sombre" du personnage, son caractère difficile, tyrannique, mais aussi ce côté "grand capitaliste" qui l'a poussé à délocaliser en Chine les productions massives de produits Apple, sans avoir montré beaucoup de considération pour les conditions de travail pour le moins rudes des ouvrirers chinois qui ont réalisé des millions de produits pommés. Avec l'avénement du géant Apple, à la fin des années 2000, la société s'est un peu déshumanisée, tout en continuant à proposer des produits fabuleux.

Il n'en reste pas moins que, tout mis dans la balance, il me semble clair que Steve a été un des plus grands entrepreneurs de notre époque, qu'il a façonné une part importante de la vie de millions d'êtres humains, assez privilégiés pour se payer un produit Apple. A son échelle, à une échelle qu'assez peu d'hommes contemporains atteignent, y compris chez les politiques, il a contribué à changer le monde, en changeant notre approche de la technologie. Une partie de ma vie, toute la partie informatique, se déroule comme il l'a imaginée. Le plaisir que j'ai toujours ressenti, et que je ressens encore, à m'asseoir devant mon Mac, ou à pianoter sur mon iPhone, ça vient de lui. Merci et au revoir, qui sait, dans un autre monde !

Il me semble qu'on ne peut réellement douter de ma fascination, de l'admiration que j'ai pour le personnage. Pour autant, je trouve que les réactions à sa mort ont parfois été un peu disproportionnées. Il y a, bien sûr, un côté presque religieux dans l'admiration qu'il a suscitée, qui appelle par conséquent des réactions fortes. De là à le comparer à Léonard de Vinci, à Edison, à d'autres génies du passé, ça me gêne un peu, je ne suis pas certain que cela soit vraiment approprié. Je laisserais plus prudemment l'Histoire juger de cela. Et je n'apprécie pas forcément le côté communion mondiale, fut-ce pour la meilleure personne du monde, l'effet de masse incline cela trop souvent vers le délire, avec une sorte de surenchère dans les réactions.

Cela dit, je ne vois pas des centaines d'autres personnes connues de cette envergure dont on pourrait mondialement honorer la mémoire, de nos jours. On devrait probablement honorer mondialement la mémoire de centaines, de milliers d'anonymes qui réalisent eux-aussi des choses exemplaires, admirables, mais on ne les connaît pas. Disons que, quand on en tient un de cet acabit, je comprends un peu ce déchaînement de réactions élogieuses, plus fréquentes pour des artistes, chanteurs(-euses) que pour un entrepreneur. Parce que les premiers nous touchent, créent des émotions, et qu'à sa façon, c'est aussi ce qu'à réussi à faire Steve : créer un rapport émotionnel, bien au delà du simple fonctionnel, avec les utilisateurs de produits Apple, depuis bien longtemps. Chapeau bas, l'artiste, bon vent !

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