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Itinéraires polaires
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17 février 2011

Yukon Quest 2011

Ca y est, la Yukon Quest 2011 s'est achevée dans la nuit du 15 au 16, et le vainqueur est un rookie (un "débutant" de l'épreuve) : un alaskan du nom de Dallas Seavey, qui est arrivé le premier à Fairbanks, à l'issue de 10 jours et 11 heures de course. Il a devancé le second, Sebastian Schnuelle, d'une demi-heure. Une course épique cette année, en raison des conditions météo qui ont été terribles sur le tronçon Dawson-Fairbanks. Voici une photo que j'ai prise du futur vainqueur, juste à son départ de Dawson, avec une vue sur la ville au fond :

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C'était le 10 Février dernier, à la mi-journée. La première partie de course, Whitehorse-Dawson, réputée plus facile, s'était déroulée sans problème majeur. Le 8 Février après-midi, à 15h35 précisément, j'ai assisté à l'arrivée du premier attelage, celui de Hugh Neff, à Dawson :

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Voici une photo montrant la ligne d'arrivée quand Neff l'a franchie, on peut s'étonner du nombre relativement faible de spectateurs, mais il faut savoir qu'il est difficile de prédire exactement quand un concurrent arrive, ils donnent certes leur position GPS de temps en temps, mais on n'en sait pas beaucoup plus...

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Cette ligne d'arrivée à mi-course est dressée, comme chaque année, sur Front Street, la rue qui borde le fleuve Yukon. A peine arrivé, Neff fut assailli par les quelques journalistes présents, et par la suite son attelage fut conduit jusqu'au camping de la ville, situé de l'autre côté du fleuve. Le règlement impose 36h de repos pour les concurrents quand ils arrivent à Dawson. Arrivé le 8 à 15h35, Neff était donc autorisé à repartir, toujours en tête, le 10 à 3h35 du matin. Voici une photo de l'attelage de Neff conduit, sur le pont de glace, vers le camping (à gauche de l'image, au début de la route qui mène vers chez Seb) :

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2h et 40 minutes plus tard, dans la pénombre, j'ai vu arriver, éclairé par sa lampe frontale, en seconde position, Hans Gatt, le vainqueur de l'année précédente, que l'on voit ici dans les derniers hectomètres avant l'arrivée :

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Ces deux là s'étaient détachés et faisaient donc figure de favoris pour la suite de l'épreuve, au soir du 8. Les deux jours suivants, je suis allé me promener du côté du camping, pour voir comment étaient installées les différentes équipes, chaque équipe a un espace attribué, et l'on trouve sur cet espace la tente du musher (l'homme ou la femme qui guide l'attelage), ainsi qu'une grande bâche bleue sous laquelle les chiens peuvent enfin se reposer après quelques jours de course :

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On voit des sacs de nourriture, on devine la paille sous la bâche bleue des chiens, ces derniers ne semblent en tout cas pas trop agités quand on s'approche, le repos, sur un bon lit de paille, est bien mérité pour ces champions :

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En parcourant l'allée principale du camping, on croise également des attelages qui viennent d'arriver, les chiens subissent alors l'inspection vétérinaire obligatoire :

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L'avantage de ces 36h de repos, c'est qu'on peut prédire, en connaissant l'heure d'arrivée d'un musher, la minute exacte à laquelle il ou elle reprendra la course. Le 10 Février au matin, en me rendant à nouveau au camping pour assister à la reprise des 3,4, 5 et 6ème de la course, j'ai aussi assisté, par hasard, à l'arrivée d'un concurrent, qui avait donc plus de 36 heures de retard sur les premiers ! Comme dans toute compétition, il y a ceux qui jouent la victoire, et ceux qui ne souhaitent que terminer ce qui constitue la course de chiens de traîneau la plus dure au monde...

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Quelques minutes après ce tableau, je traversai le fleuve pour me rendre au camping, sur la ligne de départ de la seconde partie de la course. Neff et Gatt étaient déjà partis depuis quelques heures. Voici l'attelage de Schnuelle sur la ligne, quelques minutes avant son départ :

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Coup de chance ce matin là, il y avait 4 concurrents qui partaient à une grosse heure d'intervalle, ce fut ainsi l'occasion d'assister à ces 4 départs, après celui de Schnuelle, je suis allé sur le fleuve, où se poursuivait la piste de la course, pour voir les suivants.

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Je regrette qu'il n'y ait pas eu un petit rayon de soleil pour colorer davantage tout cela, en tout cas j'étais bien content d'assister au passage de cette course mythique, je n'étais pas le seul touriste d'ailleurs, sans qu'on puisse parler, loin s'en faut, de marée humaine. Ici à Dawson, tout reste à taille humaine. Voici un autre concurrent juste après son départ :

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En l'espace de 48 heures, j'ai ainsi pu avoir un aperçu de ce monde particulier de la course de chiens de traîneau, très intéressant pour un néophyte complet comme moi. Jusque là, ça avait l'air plutôt sympathique, un vrai défi contre le froid certes, pour l'homme et ses chiens, une compétition (presque) comme une autre.

C'est peu de temps après leur départ que les choses se sont gâtées : le 10 au soir, une abondante chute de neige est tombée sur la région : une quinzaine de centimètres de poudreuse plutôt malvenue pour les concurrents : en général, ils évoluent sur une piste qui a été tracée par les rangers.qui ont l'habitude de patrouiller dans ces zones reculées, souvent en motoneiges. Avec la couche de neige fraîche, plus de piste tracée, les concurrents doivent se fier à la carte et au GPS. Surtout, ils se déplacent souvent dans des creux de vallées, c'est-à-dire à la surface de fleuves gelés, parfois irrégulièrement.

C'est ainsi qu'Hans Gatt, second à Dawson et grand favori de la course (il l'a déjà gagnée 4 fois dont en 2010), est tombé dans l'eau (jusqu'à la taille) par -40°C, il n'a pas réussi à appeler les secours malgré sa balise, et n'a dû son salut qu'à l'arrivée de Schnuelle qui courait peu de temps derrière lui, qui a mis en sécurité ses chiens, sorti son traîneau qui était coincé, lui a fait du feu, et lui a bricolé des bottes avec des bouts de tissus des couvertures des chiens. Encore un peu, l'hypothermie aurait pu lui être fatale, même à lui, un coureur si expérimenté...

Les chiens de Hugh Neff, leader incontesté de la course jusque là, ont refusé de courir jusqu'au sommet de Eagle Summit, le sommet de la course, en dépit de plusieurs tentatives, il a même été aidé par un autre attelage qui l'a rejoint. Un de ses chiens est, semble-t-il, mort de froid, le vent glacial et la neige étaient redoutables sur les pentes de ce sommet difficile de la course. Un autre musher, dont les chiens semblaient en meilleure forme, est parti chercher du secours pour Neff et ses chiens, ce qui a conduit ces deux mushers à l'abandon.

Seavey, plus jeune vainqueur de la course, du haut de ses 23 ans à peine, s'est lui aussi blessé sur une zone glacée à la surface d'un fleuve, et est arrivé à un des checkpoints (point intermédiaire tenu par des bénévoles) emmitouflé dans son sac de couchage.

Les conditions ont donc été terribles cette année, bien différentes des deux dernières années où les records de vitesse de la course avaient été battus (en 9 jours à peine par Gatt l'an passé). Comme l'a déclaré Sass, un autre concurrent qui a aidé Gatt à American Summit, un autre sommet de la course, en lui ouvrant la piste dans le vent et la neige : On ne pensait pas du tout à la compétition là haut, c'était de la survie.

Saluons le courage et ces hommes et ces femmes (il y en a quelques unes) engagées dans cette course de 1000 miles (1610km) dans ces froides contrées. Et bravo au jeune vainqueur, à tous ceux qui sont arrivés au terme de cette épique édition 2011, à Fairbanks.

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Sur un plan personnel, ça va très bien, le grand froid est revenu depuis quelques jours, ce qui limite un peu les déplacements, me permet de dormir bien mieux grâce à une fatigue accrue, mais offre également des paysages brumeux magiques, qui feront très certainement l'objet d'un prochain article. Je suis quelque part au milieu de cette petite ville que l'on voit sur la photo ci-dessus, prise lors d'une balade au dessus de chez Seb, le 7. 

Je me sens toujours bien ici, mais je regarde de plus en plus vers la suite malgré tout, en mai, vers mon retour probable à Toulouse. Je commence les démarches pour cela, c'est dans 3 petits mois, autant dire que c'est demain. Mais la porte continue de s'entrouvrir là bas, une belle perspective, d'autant plus appréciée en pleine cure de froid, avec -44°C ce matin !

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Commentaires
R
Décidément, François, tu as un don : tu es toujours pile poil là où il faut quand il faut ! Génial, ton reportage sur cette magnifique course (dont j'avais entendu parler, rassure-toi : je ne suis pas tout à fait ignare...). Bref, tu continues à nous faire voyager dans ton sillage, et ça fait un bien fou...<br /> Amitiés,<br /> Roger
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V
Toujours un réel bonheur de vous suivre dans tous vos périples. De magnifiques photos....<br /> <br /> Amicalement.<br /> Virginie
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S
Si je montre ces photos à ma chienne, j'espère qu'elle appréciera le fait de vivre au chaud!!<br /> <br /> Ce "reportage" est superbe! Merci de nous faire partager ces instants de vie. Et un grand bravo au courage des participants!
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