C'est parti !
Ca y est, on est sur l'Astrolabe, il est 10h40 dimanche matin, on est
donc au milieu de la nuit en France, et comme je ne vais pas trop mal,
je suis descendu à la salle informatique du bateau pour envoyer ces
quelques nouvelles que ma soeur a la gentillesse de retranscrire sur le
blog ! Je ne sais pas si je serai aussi vaillant les prochains jours, on
verra bien.
Drôle de journée hier avec ce départ, impossible de tout restranscrire,
l'émotion, les larmes, la séparation à l'abri côtier. On est monté vers
16h30 sur le bateau après de longs adieux sur le quai de l'abri côtier.
Sur le bateau, on a longuement regardé ceux qui étaient restés de
l'autre côté, sur l'île, souvent en silence. Ca faisait vraiment bizarre
de se retrouver de l'autre côté, mais le spectacle reste toujours aussi
fascinant. Autour de 18h, le bateau a commencé à bouger, on a dit au
revoir aux derniers de la logistique qui étaient montés à bord pour
diverses formalités (faire l'appel, déjà...) et le bateau a fait demi-
tour au bout du chenal du Lion. A ce moment là, un certain nombre de
ceux qui nous regardaient sont montés sur le sea-truck pour se
rapprocher de nous, et nous dire au-revoir, de façon assez festive.
D'autres sont restés sur les rochers, alors que certains nous
regardaient d'en haut, depuis la base, les derniers étaient sur les
rochers en dessous de la croix Prudhomme.
J'ai tenu à peu près bon jusqu'à ce que nous arrivions au bout du Lion,
voyant tous les gens rassemblés autour de nous, mais déjà hors de notre
portée, j'ai versé quelques larmes, probablement autant par tristesse de
quitter ce lieu sans certitude de retour que parce que tout le monde
était triste, le poids du contexte, quand même ! Ensuite, on a regardé
s'éloigner l'île des Pétrels, notre île, notre archipel, nos icebergs
pendant de longues minutes à l'arrière du bateau. Ciao DDU !
L'intensité de l'émotion est passée petit à petit, personne n'étant de
toutes façons très vaillant en raison de la longue soirée arrosée de la
veille. Je suis quand même allé dîner, avec un bon appétit. Après dîner,
nous avons eu une réunion d'accueil/information dans le salon du bateau,
on nous a expliqué les consignes de sécurité. Ensuite, il a fallu
remplir une fiche avec les identifiants de notre passeport, et on s'est
retrouvé tranquille. Beaucoup sont partis se coucher assez vite, mais de
mon côté je suis monté faire un tour sur la passerelle, près de Stan, le
commandant du navire. Avec Charlène, on a épluché les cartes météo des
prochains jours. Ca s'annonce pas trop mal jusqu'à demain lundi soir, et
la journée de mardi devrait être comme prévu agitée !
On a fait route vers Commonwealth Bay pour aller chercher les fameuses
cages-palette des australiens de Mawson Hut. On a donc plus ou moins
longé en allant vers l'Est le continent antarctique, un joli spectacle.
Je suis quand même allé me coucher quand on est arrivé à la hauteur de
l'ancienne base française de Port Martin, que nous n'avons pas pu
apercevoir. J'ai mis mon réveil à 2h30 pour voir Commonwealth Bay et
Mawson Hut. Avec Yann et Richard, qui sont dans la même chambre que moi,
on s'est donc levé pour voir à quoi ça ressemblait.
L'hélicoptère de DDU nous a alors rejoints à cet instant pour faire les
opérations de transport du matériel australien. Pendant une heure, il a
donc chargé sur l'arrière du navire les 14 cages. Malheureusement (pour
la vue !) il faisait gris, mais on voyait quand même la cabane
principale, une croix, et une autre cabane secondaire que les
australiens restaurent pendant leur campagne. Vers 4h du matin l'hélico
nous a quittés et on a dit au revoir pour de bon aux adéliens qui
repartaient sur la base, je suis allé me coucher peu de temps après,
alors que les cages-palettes étaient descendues lentement dans la cale
du navire, et que le continent antarctique disparaissait lentement
derrière nous...
Cap sur Hobart, par la route directe ! Il est 11h locales (2h en France)
et nous sommes à 65°47'S et 143°02'E, le ciel est très nuageux mais avec
de petites éclaircies, la mer est bien formée, ça bouge évidemment un
peu sur le bateau, mais c'est raisonnable, il y a 25 noeuds de vent de
Sud-Est environ. Le bateau se déplace à 11,6 noeuds. On fonce donc sur
Hobart, qu'on atteindra jeudi soir ou vendredi matin normalement ! Je me
sens à peu près bien, mais je mentirais si je disais que je me sens
"normal". A bientôt !