Blizzard du soir
Pour clore ce mois de mars, nous avons droit à un blizzard ce soir sur DDU, les conditions s'étant dégradées en fin de journée. Afin d'illustrer comment nous faisons nos prévisions, et pour une fois, ce n'est pas une photo qui accompagne ce billet, mais la carte de prévision du modèle du Centre Européen de Prévision (CEP), situé en Angleterre, pour ce soir à 22h. Nous recevons tous les matins les fichiers de données de prévision du modèle, et nous créons les cartes pour représenter tout cela. Bien sûr, ce n'est pas optimal comme présentation, mais c'est largement suffisant pour nos besoins locaux. Sur la carte présentée, DDU se trouve à peu près au milieu, c'est-à- dire en -66.7 de latitude et 140.0 de longitude. Le modèle nous prévoyait donc pour ce soir, à 24 heures d'échéance, 35 noeuds de vent moyen sur 10 minutes, on est à 39 noeuds mesurés à 22h, il y a donc une légère sous-estimation, mais on peut considérer que c'est une belle performance.
Par contre, là où cela nous est très utile, c'est que nous disposons de ces cartes toutes les 6 heures, donc on peut bien voir l'évolution, sur la même carte mais à 18 heures d'échéance, c'est-à-dire la prévision pour ce mardi après-midi (16h à DDU), le modèle ne prévoyait que 25 noeuds de vent, contre 28 noeuds observés, il a donc bien vu le renforcement du vent, que nous avons pu annoncer dans notre bulletin. Depuis deux mois maintenant que j'utilise ce système (merci encore à mon collègue et ami Arnaud !), j'en suis globalement satisfait, je fais une petite étude quotidienne de ses performances pour prévoir le vent, et globalement la qualité est vraiment bonne. Sauf, sans surprise, au moment de l'épisode de (fort) vent catabatique que nous avons eu la semaine dernière, qu'il avait nettement sous-estimé.
Travailler sur ces modèles qui décrivent le comportement de l'atmosphère, et de l'océan (puisque les deux sont étroitement liés, couplés, on dirait, en terme scientifique), c'est quelque chose qui m'a toujours intéressé, peut être que j'y participerai de près ou de loin dans le futur. Pour l'instant, je suis l'unique utilisateur de ce fameux modèle du CEP probablement à 1000 km à la ronde. Ce qui est encore plus intéressant que de simplement faire les prévisions pour n'importe quel endroit dans le monde, chose possible puisque le modèle décrit la planète entière, c'est de voir, sur place, la confrontation avec la réalité du temps. C'est un jeu quotidien auquel je me livre bien volontiers. Je commence à connaître et comprendre le comportement du modèle, ce qui m'aide à améliorer la qualité des prévisions que je livre sur la base. Cela dit, dès la fin de la campagne d'été, quand nous en avons disposé, la qualité de nos prévisions était déjà saluée sur la base. Objectivement, j'ai l'impression qu'il est même un peu moins performant maintenant que le temps est plus fréquemment agité, dans ces saisons agitées de transition, que pendant l'été austral. Affaire à suivre !
Un dernier point météo, pour rester dans la thématique de ce billet, à 22h30, on relève 83km/h de vent moyen sur 10 minutes, et des rafales à 110km/h, une rafale a été mesurée à 126km/h il y a quelques minutes... La pression continue de dégringoler avec 969.5hPa, soit 32hPa de moins qu'hier soir à la même heure (et 10hPa de moins qu'il y a 3 heures) ! J'ai estimé la visibilité à 100m, la neige est chassée par le vent, c'est donc le dernier blizzard de mars qui salue la fin de ce premier mois d'hivernage...