Blizzard

Comme prévu, ce samedi matin, la tempête est bien là, avec une  intensité proche de ce qui était attendu dès le départ. Sur la photo  proposée, prise à la sortie du séjour, on devine bien le vent fort et  on voit la neige balayée par le vent violent. A 11h30, on a -8.6°C  (minimum du jour en cours), 108km/h de vent moyen de Sud sur 10  minutes, et une rafale maximale à 140km/h, ce qui égale donc notre  record de vent fort. Cependant, depuis notre arrivée, nous n'avions  jamais eu un vent moyen aussi fort, et ça semble se renforcer  légèrement à l'heure où j'écris ces lignes.

Hier soir au séjour, grande réunion autour de Bernard pour choisir des  dessins pour nos T-Shirts de mission, que nous allons commander dans  quelques petites semaines déjà. Certains d'entre nous ont proposé de  très belles choses, notamment Audrey, et on a débattu sur l'agencement  et le choix de ces dessins pendant près de 2 heures, pour les plus  tenaces du moins. Nous pourrons aussi choisir des polaires, soft  shell, casquettes avec des dessins brodés. Le débat a, logiquement,  pas mal porté sur le choix des dessins à mettre pour ce qui  constituera un des souvenirs de notre hivernage. Pour ma part, tout  m'allait à peu près, je ne suis donc pas rentré dans le vif du sujet,  me contentant d'observer les avis à droite à gauche. Chose  incroyable  : cette réunion a permis de déboucher sur un choix  quasiment arrêté, que je ne dévoilerai naturellement pas.

Après une bonne nuit malgré le vent qui sifflait déjà un peu, je suis  allé assister, au sein d'une assistance relativement clairsemée mais  enthousiaste (Eugénie, Caro, mon collègue technicien météo François)  au lâcher de ballon effectué par Jean-Phi, dans le blizzard. En raison  de la direction plus Sud du vent, ça s'est passé relativement mieux  que mon lâcher du 23 Février où le vent soufflait beaucoup plus de  l'Est : le pare-vent est prévu pour les directions des vents  habituellement les plus forts, proches du Sud (Sud Est), et s'est donc  montré efficace. Le ballon a tournoyé et est parti quasiment à  l'horizontale, disparaissant instantanément dans le blizzard (70m de  visibilité environ).
Ensuite, je suis allé prendre un petit café au  séjour, puis j'ai eu envie d'aller faire un tour à l'abri côtier, pour  tester, notamment le matériel qu'on nous a fourni. J'ai donc enfilé le  pantalon VTN, chaud et imperméable, j'ai pris mon masque facial, et  Caro, toujours partante, m'a accompagné dans ce qui fut un sacré  périple ! Avec des rafales à 130-140km/h, la neige qui fouettait le visage à la  descente, on s'accrochait aux rambardes des passerelles bien souvent,  difficile voire impossible de prendre des photos de cela sans prendre  des risques inutiles. Les passerelles étaient un peu glissantes, par  endroits ! Enfin, on a bien rigolé et finalement on ne s'est pas trop  fait peur. On en a quand même conclu qu'avec un peu plus de vent que  ce qu'il y avait là, dans les mêmes conditions de neige avec  passerelles glissantes, c'était quasiment inenvisageable de descendre.  Par moments, c'était impossible d'avancer, de bouger tout simplement,  il y a ces fameux couloirs de vent sur le chemin de l'abri côtier où  le vent souffle sans doute un peu plus fort que les chiffres annoncés  précédemment.
En tout cas , une super expérience, à renouveler peut  être un jour où il y aura moins de neige cependant. Les vrais vents  catabatiques peuvent se produire par ciel clair.

Comments

[Ervé]

Que le "découvreur" du pôle sud (et les autres) me pardonne : Monsieur Roald AMUNDSEN mérite que son nom soit bien orthographié...

[Ervé]

Pour rencontrer assez souvent d'anciens hivernants, je sais que chacun est persuadé qu'il a vécu l'archétype de l'hivernage, qu'on ne peut pas faire mieux, et que donc on doit toujours vivre un hivernage comme il l'a vécu... Les plus anciens sont nostalgiques des télégrammes de 50 mots, des missions exclusivement maculines, des fêtes bien arrosées à l'ouzou, de leur jeunesse en fait. Laquelle ne reviendra pas, hélas.

François a beaucoup de chance: il est jeune, il est passionné par ce qu'il fait, il est dans un lieu extraordinaire, avec des co-hivernants aussi motivés que lui, il dispose d'un moyen d'expression et de contact extraordinaire et il s'en sert puisqu'il aime écrire. Paulo n'a-t-il pas lu les récits des pionniers, les Cook, Dumont d'Urville, Scott, Shackleton, Admunsen, Cherry-Garrard, Byrd, Charcot, PEV, Vallette, Liotard, Barré... qui notaient au jour le jour leur aventure pour que nous, les restés-chez-eux, puissions en profiter à posteriori ? Loin de moi l'idée de comparer François à ces glorieux aînés (et l'idée ne lui est sans doute pas venue non plus...) ! Mais la tradition de l'écriture ne date pas d'hier.

Paulo n'a-t-il pas été tenté d'en faire autant ? N'a-t-il jamais raconté quelque péripétie de ses hivernages qui l'a ramené sur place par la pensée, au grand étonnement de ses interlocuteurs qui le sentaient "parti" ? S'il n'a jamais ressenti ça, je le plains: il a hiverné pour rien !

Les temps ont changé, la technologie aussi, et que ça plaise ou non, c'est ainsi. Autant en tirer avantage. MERCI, François, de nous faire profiter de ces avantages et de nous faire rêver (un rêve n'a jamais été la réalité, Paulo) avec tes anecdotes, tes impressions, tes détails, tes sentiments, tes photos... CONTINUE, surtout, ne nous lâche pas au milieu de rêve !

Une dernière petite réflexion quant au tourisme en Antarctque : de quel droit Paulo, qui est "allé polluer ce lieu de science et de recherche" à plusieurs reprises et pour de longs séjours, peut-il interdire à qui que ce soit la possibilité de passer quelques heures (encadré, surveillé, impressionné, amoureux, émerveillé, respectueux) en Antarctique? Au risque de le vexer, ça ressemble beaucoup à "Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais !"...

Ne change surtout rien, François; nous sommes très nombreux à être heureux de te lire. Bon hivernage à toutes et tous !

[la soeur]

Voilà la réponse de l'intéressé (à qui j'ai transmis - comme je le fais pour tous les autres commentaires de ce blog - le commentaire de Paulo) :


Cher Paulo,

Je te remercie de t'inquiéter pour mon hivernage, pour l'instant ça se déroule à merveille. Comme je l'ai déjà écrit sur ce blog, tant que l'écriture, une véritable passion pour ma part, ne constituera pas une contrainte pour moi, je continuerai d'écrire comme je le fais quotidiennement sur ce blog. Ne nous voilons pas la face : l'hivernage laisse un certaine dose de temps libre, temps que chacun exploite à sa façon. J'écris, pour ma part, autant pour garder une trace personnelle de ce que je vis ici, que pour partager avec ceux que cela pourrait, éventuellement, intéresser. S'il y en a, tant mieux !
Je conçois parfaitement que ce que je raconte sur le blog ne retranscrira jamais le dixième de ce qu'est réellement la vie à DDU, mais je fais le pari que ce dixième vaut mieux que rien. Il faut donc voir ce blog autant comme un bloc-notes personnel, agrémentés d'anecdote parfois peu intéressantes, que comme le partage d'une vie effectivement presqu'ordinaire dans un lieu, et des circonstances extraordinaires. Nous sommes des femmes et des hommes comme tout le monde, qui avons la chance inouïe de vivre cette expérience, pourquoi cacher cela ? Au contraire, si cela peut motiver davantage de gens pour venir ici, ça me semble plutôt une bonne chose...

Je te rassure, ce n'est absolument pas une obligation de raconter tous les détails de la vie locale, je parle de ce qui m'a marqué, pour différentes raisons que je ne développe d'ailleurs pas souvent sur le blog. Mais le simple fait de les retranscrire par écrit, d'en laisser une trace, me permettra, plus tard, de reprendre le fil de cette étrange aventure.
Je suis désolé si ce blog donne l'impression trompeuse que je fais ce que je fais en fonction de ce que je vais raconter, puisque c'est exactement le contraire qui se produit, je me laisse guider, comme n'importe quel hivernant me semble-t-il, par les opportunités qu'offre le quotidien à DDU, et je raconte par la suite ce qui m'a marqué. Voyons la réalité : tout ce qui peut paraître anodin en métropole prend ici une dimension particulière, je suis certain que tu comprends ce que je veux dire...

Mon blog est effectivement disponible, quasiment en temps réel, sur le réseau local à DDU, et j'ai de bons retours de la part de mes amis co-hivernants, donc ça se passe bien jusque là, je pense même faire des petits articles sur ceux qui le souhaiteront dans les prochaines semaines.

L'expérience DDU est une émotion quotidienne que j'essaie de transmettre, très modestement je reconnais, à travers mes photos et mes écrits quotidiens, mais crois-le ou non, j'arrive à concilier les deux !

Quant aux publicités, tu imagines bien que c'est un domaine sur lequel je n'ai aucune prise : Canalblog étant gratuit, il se finance en affichant des pubs qui ont, logiquement, un rapport avec le texte des blogs consultés. On n'a rien sans rien, je m'en passerais volontiers mais ce n'est pas possible, en l'état !

François

[Génépis]

Le principal a été dit dans les réponses à Paulo mais autant qu'il y en aient le plus possible histoire que si François tombe sur le commentaire de Paulo ils voient les réactions et pas seulement celles de sa famille ;)
Car oui, je n'ai aucun lien de parenté avec François, je suis tombé sur son blog par hasard et je ne lâche plus... j'en viens même à ré-actualiser plusieurs fois par jour son blog pour voir si de nouveaux messages ont été postés.
Bref que François continue, il nous permet de nous évader et de rêver....
Pour terminer j'ajouterais que le web est immense et que si ça ne plait pas on a tout le loisir d'aller voir ailleurs !! ce n'est quand même pas compliqué !!

Génépis

[stef]

Même si le commentaire de Paulo ne plaît pas, inutile d'être insultant (et plus encore de s'abaisser jusqu'à l'insulte)

Ce blog mérite bien mieux ! :)

Bon 'tit déjeuner (je crois que c'est l'heure, là-bas !)