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Itinéraires polaires
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14 octobre 2008

La Bourse ou la mort ?

Ainsi pourrait on résumer l'alternative actuelle. C'est du moins en ces termes que cela nous est présenté. N'étant pas économiste, j'ai tendance à faire confiance à ceux, nombreux, qui nous expliquent que la seule alternative à la fin de notre civilisation est de renflouer les banques pour faire redémarrer la Bourse. Pourtant, c'est bel et bien dans ce genre de situation que se pose une question centrale, essentielle même : la fin de notre civilisation, de cette civilisation au capitalisme débridé, ne serait-elle pas souhaitable ? L'esprit humain a-t-il déjà atteint l'ultime forme de civilisation, la meilleure pour son développement ou, plus modestement, sa survie ?

On a coutume de dire que le capitalisme est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres. Mais, avons nous vraiment inventé, essayé, tous les autres ? On ne peut pas nier l'enrichissement global qu'a apporté le système dans lequel nous vivons, mais où et comment a-t-on prévu dans le même temps la redistribution indispensable de cette même richesse ? On nous a expliqué que mettre trop de freins au système tuerait la croissance, et donc appauvrirait l'économie, donc les gens. Le problème, c'est que dans ce système là, si certains se sont incroyablement enrichis, un bien plus grand nombre est resté pauvre, voire s'est appauvri.

Après le brillant plan européen porté par notre hyperactif président, dont le volontarisme a fait merveille dans cette affaire, les Bourses semblent s'envoler à un rythme inédit. La crise est-elle finie ? Apparemment pas, puisque les conséquences de ce krach ne sont pas encore complètement arrivées jusqu'à l'économie réelle. Est-ce que quelque chose aura vraiment changé, demain ? Pas sûr. On se sera certes rendu compte que les Etats-Unis sont sans doute un peu plus socialistes que ce que l'on pensait (en réalité, simplement très pragmatiques, taillant ainsi en pièces le dogmatisme ultralibéral), on aura vu une occasion pour l'Europe de reprendre la main dans le grand ballet international, mais quel sera le monde de l'après-crise ? Quelles garanties avons nous que cela ne recommencera plus ?

Puisque notre ambition semble devoir se limiter à redresser un système boiteux, exit les réflexions de fond. Il suffira de remettre un peu de vernis pour laisser croire à un contrôle plus strict du système, et ensuite les vrais puissants (ceux qui ont l'argent) continueront à faire ce pour quoi ils ont toujours été très doués : contourner les règles et maximiser le profit. Parce que la seule chose qui ne changera certainement pas après cette crise, pour le coup, c'est la nature humaine. Dans notre système actuel, elle n'a malheureusement pas trouvé de quoi contrer la cupidité de ses plus féroces représentants. Si on ne met qu'un pansement sur la blessure, les inégalités continueront à se creuser, et la prochaine grande crise sera peut être bien plus violente...

Force est de constater que l'hypercapitalisme s'est fortement développé après la chute du Mur, et que le système soviétique, aussi affreux et inefficace fut-il, avait le mérite d'exercer un contrepoids idéologique qui me semble stabilisateur. Le drame de notre époque, c'est une forme d'absence d'ambition idéologique : la Fin de l'Histoire a-t-on entendu quand le Mur est tombé, la fin d'une histoire en tout cas. Heureusement, l'impératif écologique et la forte mutation que l'on observe aujourd'hui vers de nouvelles technologies laissent une place pour un optimisme réel. Le monde change, la crise que nous connaissons est une crise de croissance déraisonnable d'un monde financier complètement coupé des réalités. Or l'économie, ce sont les Etats, on l'a bien vu récemment, et donc les gens, qui peuplent plus réellement cette planète que tous les produits financiers possibles et imaginables.

La Bourse ou la mort ? Aurons nous droit à une troisième voie ? Les choses qui se mettent en place actuellement nous y mèneront-elles ? Autant d'interrogations qui ne trouveront de réponses dans le futur. Je continuerai à observer aussi attentivement que possible ce qui se passe dans ce monde-ci jusqu'à mon départ, là bas, sous le cercle polaire, je vivrai une troisième voie, totalement utopique à l'échelle du monde, mais bien réelle pour nous, futurs hivernants.

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