Minuit dans la jungle alaskane

Je me devais d'expérimenter cela, avant mon départ. Cela ? Une promenade dans les environs, en soirée. C'est donc ce samedi soir, pour mon dernier week end, que j'ai profité d'une météo favorable et d'un surcroît de motivation pour quitter ma chambre vers 22h30 et partir me promener dans les environs. Mon premier objectif ? La forêt qui se trouve juste à côté de l'IARC où je travaille, de laquelle je n'avais vu qu'une partie, jusqu'ici. Une première photo prise sur mon trajet habituel pour aller au boulot, le soleil derrière un voile irrégulier de nuages élevés, donnant cet effet particulier. Je passe devant l'iARC et je rentre dans la forêt, j'ai une vague idée du trajet que je vais prendre, en tout cas je veux traverser cette forêt, parsemée de pistes de ski de fond transformées en autant de chemin de randonnée/VTT en cette saison. A peine rentré dans la forêt, je retombe sur cette grande antenne satellite, éclairée par le Nord Ouest, où se trouve le soleil à cette heure ci (seconde photo). Je poursuis ma route sur une piste bien large, tout va bien, si ce n'est que je remarque assez vite les premiers moustiques qui passent à l'attaque. Belle vue de cette piste sur la troisième photo.
Sur ma gauche, j'aperçois un lac qui était indiqué sur la carte, le Smith Lake, je me dis que ça peut être sympa d'aller voir ça, je bifurque donc (première photo). A ce moment là, l'attaque des moustiques se fait plus intense, en fait, c'est très simple, à partir de cet instant là, dès que je m'arrête de marcher pour respirer ou prendre une photo, je suis entouré d'un certain nombre de moustiques qui commencent à se poser sur mon cou, mon front, mes bras, etc. La soirée et douce et humide, il a beaucoup plu pendant deux jours cette semaine, ce qui a favorisé la multiplication de ces parasites. Qui plus est dans cette forêt humide avec des lacs, assez représentative cela dit de ce qu'on trouve sur une grande partie de l'Alaska. Je réussis tout de même à atteindre le lac Smith après être passé dans quelques zones assez marécageuses, transpirant car forçant le pas pour éviter les insectes. De là, je prends l'agréable seconde photo qui ne traduit pas le fait que j'étais au même moment piqué au doigt, au bras et au front. Enfin, je me débattais assez régulièrement, mais quand même ! C'est bien à la hauteur de sa réputation... Une véritable jungle... Enfin, troisième photo, après avoir quitté le lac, dans une clairière, belle vue sur le soleil au dessus des collines, il est 23h.
Je rentre ensuite dans une forêt de bouleaux avec leurs troncs blancs, je suis une piste de VTT avec pas mal de creux et de bosses, assez amusante à parcourir même à pied, les moustiques semblent moins présents ici, dans cet espace relativement plus sec. Le soleil perce dans certains coins, c'est très joli (deux premières photos). J'arrive ensuite dans une grande clairière, encore plus infestée de moustiques que la moyenne, où je prends presque héroïquement sous les assauts ennemis une photo de l'IARC et de son radar de toit éclairé par le soleil du soir, autour de 23h20.
Un peu plus loin, dans la forêt, je prends la première photo, je ne suis à ce moment là plus très loin de la fin du domaine skiable de l'Université d'Alaska que je parcourais jusque là. J'en sors donc peu de temps après, je me trouve sur une route, la Yankovich Road que j'ai déjà parcourue cet hiver, en partie. A ma sortie du parc de l'université, je tombe sur le Large Animal Research Station, un centre de recherche sur les grands animaux. J'arrive à photographier (seconde photo) à travers le grillage un boeuf musqué, espèce longtemps menacée mais maintenant en meilleure forme, si je puis dire, qui fait l'objet de recherches en tout cas dans ce centre. Troisième photo, le ciel au dessus de cette bête, à 23h40.
A ce moment là, je décide de remonter sur la colline où j'étais allé en hiver, lors de mes premiers week end, pour voir à quoi cela ressemblait maintenant, espérant aussi avoir un peu de vue de là haut, parce que bien sûr, même s'il fait jour, dès qu'on est dans un endroit un peu plus dégagé, il y a sensiblement plus de lumière. Je reprends donc ma marche le long de la Yankovich direction Est (première photo), montant et descendant en suivant cette route droite. Je sais à ce moment là que je vais faire une grande boucle pour rentrer à ma résidence. Au bout d'un bon quart d'heure de marche, j'arrive au croisement de la Dalton Trail et il me faut ensuite encore un bon quart d'heure pour grimper en haut de la colline, en suivant la piste. Je ne croise évidemment pas de piéton, de rares voitures qui appartiennent sûrement à des habitants de ce coin résidentiel, peu densément peuplé. Finalement, arrivé en haut après toujours une belle lutte avec les moustiques, qui s'activent sans doute attirés par ma sueur, je trouve une vue sympathique mais pas exceptionnelle, comme je le craignais un peu. Il est minuit passé, il fait certes jour mais avec une faible luminosité, le soleil étant caché derrière une lointaine colline. Je prends tout de même quelques photos, un peu sombres parfois, sur la troisième photo, une maison le long de la Dalton.
En redescendant de la colline, vers minuit et demi, je trouve enfin une maison avec piscine en Alaska (première photo) ! Il faut dire qu'avec la chaleur qu'il fait en été, on peut tout à fait avoir envie de se rafraîchir. Je me suis juste demandé si les moustiques n'empoisonnaient pas l'existence dans ce cas là aussi, tout occupé que j'étais -encore- en train de lutter contre ces insectes diaboliques en prenant ma photo. Cependant, je pense qu'en pleine journée ils sont moins actifs... Le coin est encore assez marqué par la ruée vers l'or, comme on le voit sur la seconde photo (nom de la rue), il y a encore quelques chercheurs d'or, et quelques coins où, comme activité touristique ou divertissante, on peut venir chercher soi-même un peu d'or. En me dirigeant par la suite plein Sud vers le campus, je passe au bord d'un lac, il est 0h40, et quatre personnes sont installées en train de pécher, deux d'entre elles venant même de sortir de leur voiture. Le soleil est officiellement couché depuis 10 minutes, mais on y voit encore tout à fait bien.
Je prends encore quelques clichés des cieux de ce coucher de soleil qui dure, qui dure, et qui va se terminer moins de trois heures plus tard par un nouveau lever de soleil pour une autre longue journée... En direction du Sud, comme sur la seconde photo, il fait beaucoup plus sombre, le soleil est au Nord, à cette heure ci, il effectue son tour complet dans le ciel en 24h, chose qui serait encore plus apparente si j'étais encore un peu plus au Nord. Me voilà de retour sur le campus, il est environ 1h du matin et je prends cette photo de ciel crépusculaire avant de regagner ma chambre, pressé d'en finir une bonne fois pour toutes avec les moustiques, qui sont certes moins présents sur le campus. Juste avant de prendre la troisième photo, je repasse, avec un pincement au coeur, devant l'endroit où j'allais me poster pour observer les merveilleuses aurores boréales, ça me paraît un autre monde, dans ce pays qui ne connaît plus la nuit.
Cela dit, l'Alaska en juin c'est aussi cette luminosité et ce ciel bleu éclatants (première photo), ou encore ces cieux pris à 3h30 du matin lors d'une petite insomnie (maudites allergies !), comme sur la seconde photo. Ou encore ce ciel si contrasté avec le soleil dans le dos, et le ciel si sombre au fond, le jour où on a pratiquement atteint 28°C.
Ou encore ces cieux tourmentés, avant le premier orage de la saison, pas hyper actif niveau tonnerre et éclair, mais beaucoup de pluie ! Encore un beau ciel sur la seconde photo. Après l'orage, et la pluie pendant près de 24heures, de grosses flaques assez inhabituelles ici, où c'est si sec en général (moins en cette saison, il est vrai).
Au moment de la prise de la première photo, la pluie a cessé depuis quelques heures, il fait encore bien gris et un vent bien frais souffle sur Fairbanks, pas plus de 12°C au compteur, ce qui pour une fin d'après midi de juin est bien froid, sensation que le cliché traduit pas mal. Le lendemain, ciel beaucoup plus clément, quelques averses toutefois au loin, vers la chaîne de l'Alaska (seconde photo). Enfin, pour terminer, une vue estivale de l'IARC, ce samedi après midi, il fait 24°C, temps presque trop chaud, au soleil du moins !
La dernière semaine débute, je crois que je commence à réaliser, je suis déjà un peu en train de partir dans ma tête, déjà nostalgique de ce lieu, surtout de cet hiver magique qu'il me faudra absolument revoir, un jour...