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Itinéraires polaires
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5 avril 2007

Fin de parcours ?

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Un certain nombre de choses me rapprochent, ces jours-ci, de la fin de mon séjour alaskan. Au delà du temps qui passe, il y a cette Nature qui ressemble déjà de moins en moins à cet environnement fascinant, d'un blanc immaculé, que j'ai cotoyé pendant de nombreuses semaines ici. Je me projette maintenant nettement plus dans cette fin de séjour, et mon retour, sans anticiper davantage cependant. Assez contradictoire pour quelqu'un qui se fait fort de vivre le plus possible dans le présent. Oui mais voilà, le présent a si rapidement changé, la différence est tout de même fondamentale. D'autre part, mon travail entre dans sa phase terminale, la moins excitante, celle de la mise en forme, des réécritures, de la rédaction du rapport, rien de franchement créatif.

D'autre part, en cette période électorale en France, que je suis toujours avec assiduité d'ici grâce à Internet, je sens que je suis absent alors qu'un instant important de notre vie démocratique se joue maintenant. Ce qui me projette donc encore davantage vers mon retour, dans ce pays qui aura changé de président, et peut être de couleur politique. Jusqu'ici, je dirais donc sans hésiter que j'ai trouvé ce que j'étais venu chercher, indiscutablement. La partie restante est moins passionnante, heureusement j'ai deux voyages qui devraient éclairer fort opportunément ma fin de parcours alaskan, avec la banquise de Barrow d'une part, et le Québec d'autre part. Je sais que je serai content de rentrer en France, pas par dépit de l'Alaska du tout, mais parce que la France, c'est mon pays, ce sont mes attaches. Il n'y a sans doute que lorsqu'on mange à l'américaine tous les jours pendant de longues semaines que l'on réalise l'importance de cette évidence.

D'une certaine façon, l'Alaska, avec son hiver en pleine décrépitude, perd une bonne partie de son attrait à mes yeux. Cela devient plus conforme à un état x ou y des Etats-Unis, ce qui n'était pas le but premier de mon séjour ici. Enfin, ne noircissons pas le tableau, il reste encore des choses fort intéressantes à étudier sur mon projet et qui m'occupent ces jours ci, j'essaie de représenter le trajet du vent à travers les vallons et les micro-plaines corses. Un problème informatico-géographico-météorlogique intéressant, une nouvelle fois belle synthèse des quelques aptitudes que j'ai acquises avec le temps. Je suis également très curieux de voir ces jours si longs, ça m'intrigue. Peut être même aurai-je droit à un ou plusieurs orages avant mon départ, moi qui n'ai toujours pas vu un cumulus digne de ce nom depuis mon arrivée ici (pour information, les cumulus sont les nuages qui, en grossissant, finissent par donner de l'orage).

La boue refait son apparition, après la fonte de la neige sur les endroits les plus exposés, c'est drôle de voir de la boue, de voir se découvrir les herbes de la saison chaude de l'année précédente et qui ont été ensevelies sous la neige pendant ces longs mois, cela fait presque l'impression d'une découverte archéologique ! Il fait 4-5°C tous les après midis ces derniers jours, on pourrait même atteindre les 10°C dans les prochains jours, ce qui nous place, pour la première fois depuis bien longtemps, au dessus des normales de saison. J'ai troqué les grosses chaussures de randonnée qui m'ont accompagné jusque là dans la neige, pour des sandales davantage de saison. La parka sera bientôt rangée, à côté du bonnet et des gants. Tout ce rangement, comme si je partais demain !

En tout cas, je "redescends sur terre", clairement, ces jours ci. Donc, je me tourne davantage vers la France, la Corse évidemment à laquelle je pense tant tous les jours, quand je travaille dessus. Chaque fois que je survole les cartes de Corse, pour les besoins de mon travail, je vois ces paysages qui sont, pour certains, si familiers, et qui me sont si chers. Il y a ainsi une part de rêve dans ce que je fais, comme je manipule des cartes toutes la journée, je voyage tout le temps, en quelque sorte, mon esprit s'envole, sort complètement du cadre strict du projet. Les immenses étendues alaskanes me font également rêver, mais je les connais tout de même nettement moins. Ce qui est amusant, également, c'est qu'en essayant de modéliser le comportement du vent, à l'aide d'équations, de chiffres, d'instructions logiques données à mon ordinateur, j'essaie de me "mettre à la place" du vent. Quand le vent souffle dans tel sens, qu'il rencontre tel obstacle, tel relief, que fait-il ? Quel chemin va-t-il choisir ? Pourquoi ? C'est ma petite façon à moi de chercher à trouver un zeste d'harmonie au milieu de l'implacable et irremplaçable rigueur des formules mathématiques. La touche artistique, en quelque sorte, celle qui m'inspire, j'en suis certain, de bonnes idées parfois.

On voit donc que la "redescente" sur Terre est toute relative, tant je parviens encore, Dieu merci, à m'évader par l'esprit, si j'ai l'impression de passer si peu de temps à mon bureau, alors que j'y suis environ 10 heures par jour, c'est sans doute parce que, psychiquement, je suis souvent ailleurs... tout en restant dans mon sujet. C'est très enrichissant d'avoir la possibilité de travailler sur un sujet qui vous inspire, qui vous passionne tant. Je pense que je me découvre des aptitudes insoupçonnés, une forme de détachement probablement appréciable dans ce bas monde. Je ne saurai jamais assez remercier mon encadrant, David Atkinson, de m'avoir proposé un sujet si bon. Tout cela dans l'endroit le plus intéressant que je pouvais trouver, y a pas à dire, je suis plutôt gâté. C'est bien la raison pour laquelle je savoure tout cela, et je ne manque vraiment de rien. Tant que le quotidien me permet de rêver, je ne vois pas trop pourquoi je désirerais autre chose...

C'est pourquoi la vraie "redescente" sur Terre n'est pas pour maintenant, probablement dans quelques mois lorsqu'il me faudra prendre un poste, qui a toutes les chances d'être potentiellement moins intéressant que ce que je fais maintenant. On a donc largement le temps d'en reparler. Et puis, ça ne m'empêchera pas de continuer à rêver en cherchant à comprendre toujours davantage l'atmosphère, la Nature qui nous entoure, même dans un temps plus réduit. Finalement, c'est sans doute ce que l'âge m'a appris, passion ne rime pas forcément avec excitation. Quand j'étais plus jeune, j'étais très excité, une véritable "pile éléctrique" (ce fut un de mes surnoms !). Je me suis un peu calmé, mais je n'ai pas (encore ?) perdu cette aptitude à contempler, à laisser mon esprit dériver vers des horizons inattendus...

Voilà pour mes quelques réflexions de ce mercredi soir, je souhaite un joyeux anniversaire à mon ami David, et je salue particulièrement mon plus vieil ami, Romée.
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